mercredi 24 février 2010

le sourire du forgeron

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A Ke Macina vient de s'installer Deye Noumouke. C'est vraiment le forgeron le plus souriant que l'on puisse rencontrer et c'est pas peu dire, tous sont généralement très joyeux, le moral au beau fixe comme partout en Afrique. Il est là sur sa peau de bique, assis, et vas-y que je te cogne à une main sur mon enclume-clou avec une masse de 5 kg. Bon il est costaud le gamin, mais il sourit tellement!
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Revenons à la bonne humeur. Deye est jeune et très bon forgeron. Il vient de Dja, un petit village au nord, dans la savane. Sa paillote n'est pas encore trop connue des locaux, mais déjà il travaille un peu. La forge a été construite à même la terre: non seulement le feu repose dans une petite tranchée mais aussi le ventilateur est littéralement enterré dans la terre séchée. Cela tiendra le coup au moins jusqu'à la période des pluies. Ce ventilateur est actionné par une roue de bicyclette et sa pédale avec une courroie en chambre à air torsadée! J'ai eu le temps d'observer l'artifice puisque j'ai passé la journée entière à "faire du feu avec une bicyclette à la main", passez moi l'expression.

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A lui tout seul Deye s'attaque à des lames de suspension en acier dur dur pour faire des couteaux, des haches, des pelles, des socs de charrues bref tout ce que vous voulez pour aller aux champs. J'ai bien aimé sa bouterolle, qui permet de chanfreiner des plaques de 1cm d'épaisseur. Je lui ai fait faire une hache-pelle avec le manche pour l'offrir à mon hôte de Ke Macina. En un rien de temps.

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Ah oui: Ils sont venus organiser un concours des artisans dans son village. Il a refusé d'y participer. Ils l'ont menacé d'une amende de 5 euros, le prix de trois haches. Il a finalement fait une pièce, un masque. Ils lui ont décerné le prix du concours. J'aime bien, ça me rappelle quelqu'un!

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