samedi 6 février 2010

le forgeron bijoutier

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Un grand changement. Ici au Mali le forgeron est avant tout un bijoutier. On sent clairement l'influence des touaregs du nord désertique du pays. Mais forgeron parce qu'il travaille au marteau sur l'enclume avec une forge! C'est le métal qui change!

Dans l'atelier de M. Coulibaly à Segou, on travaille l'argent blanc. Confection de bijoux tels que des bracelets, gourmettes, bagues, boucles d'oreille. En tout et pour tout un petite enclume, une forge installée dans un bac ou l'on concentre le foyer avec de la terre réfractaire. On chauffe le métal au charbon de bois puisque la température nécessaire n'est pas aussi haute que pour le fer. Depuis une frappe assez franche pour forger un petit lingot en bracelet plat, on passe à un travail plus délicat avec des burins minuscules. On finit la forme arrondie avec un bout de branche.

Ce qui est remarquable c'est que l'artisan procède lui-même à la fusion de son métal. Il prend un creuset ou il mélange les différentes parties de l'alliage (laiton et argent?). Il place ce creuset dans la forge et quand il devient rouge il y agrège de la poussière de charbon. Le moule où sera coulé le lingot a été préparé avec de la cire. Il doit se souvenir que le partie inferieure de la coulée sera plus brillante.

J'ai passé toute la matinée à suivre la réalisation de pendentifs. Le martelage qui suit les mêmes lois que le fer forgé, on étire .... La grande différence tient au fait que l'on ne travaille pas à chaud. La pièce est recuite (c'est à dire mise au feu pour qu'elle récupère son harmonie moléculaire) seulement deux ou trois fois. Au sortir du feu sa couleur grise est la même que l'acier, c'est curieux. En revanche, le métal deviendra blanc après un actif savonnage que l'on fait en tout dernier.

Enfin, et c'est le point le plus important de cet article, cet artisan de Segou m'a confié un des secrets du métier. Après la finition de la pièce, on la trempe dans l'acide chlorhydrique pour la blanchir. Immédiatement après on la rince avec un décoction de pétales de dakumu, qui a la vertu exceptionnelle de rendre l'acide passif. Voici le secret que tant d'artisans recherchent en occident. Inutile de dire que je vais tenter d'en rapporter pour l'essayer sur le fer...
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1 commentaire:

  1. J'aime beaucoup tes reportage. Je suis moi aussi forgeron et c'est bien de voir comment ces gens font des pieces magnifique avec des moyens rudimentaire.... Continu de nous emouvoir.

    pour le truc de trempage dans des feuille qui rendent le metal passif. il doit s'agir d'une solution basique, On utilise souvent du bicarbonate de soude pur cela ou en industrie un bain de sulfate de potassium je crois, l'element basique entre en reaction avec l'acide, son contraire et laisse comme résidu un sel.

    Ciao
    forgespellidesign@gmail.com

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