jeudi 25 février 2010

La forge en famille

*
Sous la paillote de Koorka Traore, à Diafarabe, au Mali, on travaille en famille. Aujourd'hui, c'est le jour du marché (quel spectacle dans la bourrasque) et on se dédie à la confection des clous. Le père, déjà âgé, ventile avec une petite manivelle avec science et patience. Ses trois fils sont à l'ouvrage. Le plus jeune, de 9 ans environ, va couper au burin les plaques en triangle. Son aîné, 11 ans, avec une énergie presque rageuse, sort la petite plaquette du foyer et la rabat sur elle-même au marteau. Le grand frère, 13 ans, termine la pointe. Leur enclume comme la plupart dans la région, est en forme de pavé juché sur un gros clou. Un travail à la chaîne franchement rébarbatif parce trop répétitif.
*
On ne peut s'empêcher de penser au problème du travail des enfants. Ici nous sommes dans le cadre d'une petite entreprise familiale et la forge est, à mon sens, un travail noble. Le père déjà vieux ne pourrait soutenir la besogne tout seul. Cependant ces enfants ne vont peut-être pas à l'école. C'est dommage. Et pourtant ces gosses sont vraiment très jeunes, même s'ils sont largement à la hauteur. Ils n'ont peut-être même pas choisi de travailler ici. C'est un problème très délicat car si un père n'impose pas la continuité du métier, l'art se perd. Ainsi disparaissent peu à peu tous ces métiers artisanaux. Ambigu donc, mais je crois que pour ce genre d'activité, le jeu en vaut la chandelle. C'est peut-être même presque une chance d'avoir cette descendance. Il y a quelque chose de très beau quand un père peut directement transmettre son savoir à ses fils. On est en plein système archaïque. On est loin du contexte des gamins qui charbonnent dans les mines ou en Chine pour une mega-firme qui leur sont totalement étrangères...A voir je vous invite aux commentaires...
*

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire