mardi 5 janvier 2010

la forge aux portes du désert

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Pour faire une forge et organiser le foyer, il faut du bois ou du charbon de coke. Dans le désert il n'y a que du vent! Le grand obstacle c'est aussi l'acheminement de la matière avant et après sa transformation. C'est en fait la proximité du combustible qui facilite la sédentarisation du forgeron. Alors les nomades comment font-ils ? La forge dans le désert relève du tour de force.





Dans ces immensités où il n'y a plus de frontières l'homme vit à même le feu sous le brasier du soleil, c"est son esprit qui est forgé. Il vit dans le strict minimum tel l'ascète. La plus grande activité sera établie sur les côtes de l'atlantique dans les grandes villes de Dakhla, Nouakchott...à la frange des ces grands plateaux lunaires. Plus que jamais on travaille dans l'essentiel avec une exceptionnelle économie de moyens. Dans ces villes foisonnantes, on trouve une multitude de petits artisans. Ces petits ateliers de métalliers ne reculent devant rien. Tout est possible ! Toutefois l'art de la forge n'a pas vraiment lieu d'être. Nous sommes au Sahara et les ressources sont comptées. On fait dans le fonctionnel. En fait tout ce qui peut servir aux pêcheurs, aux négociants et à leur sécurité. Une ancre ? 4 barres de chantier en J soudées entre elles; la peinture métallisée c'est le luxe. A l'extrême du Maroc, l'extrême de la débrouille. J'ai vu un atelier qui a fabriqué ses propres machines à cintrer, plier etc.

Ce qui est aussi étonnant dans ces villes de sable c'est la grosse compétition entre les ferronniers. Face à face tous les artisans se rassemblent dans des rues entières dans la plus grande proximité et une concurrence farouches. Des portes; des grilles, des fenêtres, quelques motifs à la va-vite peut-être. Le paradis de la barre de chantier qui sert à tout n'est-ce pas? Le travail est extrêmement rapide. Travail à l'extérieur, sur le trottoir en sable avec deux pauvres tréteaux complètement défoncés. Plans et niveaux grossiers, on redresse après. Tout tourne comme une production industrielle mais dans un contexte artisanal.

En voyant cette frénésie productive et l'aspect plutôt rude de cette vie du désert, on finit par trouver l'idée de la forge décorative classique bien désuète. Bien superflue. Comme partout l'utile est l'assassin du décoratif. Mais pourtant les saharis sont des peuples très nobles. Cette fierté est investie dans la réalisation de bijoux extrêmement travaillés et donc raffinés. Dans des métaux magnifiques. Tous ces objets de grand style sont ceux qui sortent des micro-forges du désert. Des instruments réalisés dans le silence et le secret des dunes de sable.


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