jeudi 19 novembre 2009

La forge à Fez

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Fez est pleine d'activité artisanale. Le roi veut en faire une vitrine en inaugurant un centre des arts et métiers de l'artisanat. Cependant, cette ville mystérieuse ne se livre pas si facilement. Pour le travail du métal, elle contient tous les styles d'atelier : du plus rudimentaire jusqu'à la forge traditionnelle.

Commençons par une visite du souk au quartier bien populaire de Ben Slimane. Dans ce quartier il n’y a pas de place pour le forgeron. De nombreux ferrailleurs font le même business toujours comme en Espagne : récupération et vente à plus ou moins 10 ct le kg. Dans le même coin, les ateliers travaillent uniquement sur le recyclage avec un gros niveau de "débrouille". On trouve toujours des remplacements et la qualité du travail demandé n’a pas besoin du feu qui serait déjà une technique trop chère ? On est dans le rafistolage permanent avec aussi des boutiques qui ne font que souder !

Dans la vieille ville il reste peu d’ateliers traditionnels. Deux d’entre eux s’occupent des grilles en rosaces traditionnelles marocaines où tout est fait à la main avec la forge et des coups de marteaux très précis. Le maître a toujours une très forte personnalité, le contremaître est toujours un grand frappeur, comprenons un grand artisan qui a un minimum de 20 ans de métier. L’un d’eux est presque toujours au sol pour travailler, comme l’enclume qui repose à terre. Le métal est souvent recyclé et là on voit le travail de redressement, qui est la base du métier et occupe une bonne partie de la journée. Le travail est précis mais souvent fait au jugé comme le tranchage à chaud d’œillets sur une tige ! Toujours un minimum de coups de marteaux. Autrefois on formait des profils sur un fer plat, comme un moule qui renforce. Au Maroc on continue de faire de cette manière !

Juste au dessus de la ville moyenne, se trouve un forgeron ; il travaille dans un atelier assez réduit en taille, sur le trottoir et avec le sourire. Ce chef a eu un grand maître, qui aurait décoré la chambre du roi, et il lui a repris l’atelier. Un lit en fer forgé vient juste d’être fini et le travail est d’une grande précision avec un dessin classique d’une belle simplicité. J’ai aussi vu la réalisation d’une petite feuille ciselée au stylet sur le dessin collé sur une plaquette en acier (on voit le plus souvent ce travail sur cuivre, car beaucoup plus facile). Et la forge ? Pas de forge , ici on travaille au chalumeau. Un ami de l’atelier dit que ce travail du fer n’est pas assez valorisé soit par manque de budget, soit par manque d’intérêt. Cet atelier mélange l’acier avec le cuivre ou avec le bois selon les circonstances…tout est possible au Maroc.

Ce qui marque beaucoup à Fez c’est la rapidité à laquelle ils travaillent et c’est peut être ça qui fait une sélection. C’est la même chose dans tous les métiers du métal. Un artisan qui confectionne des plateaux en laiton met 10 mn. pour terminer la pièce, après 40 ans de métier ! C’est aussi la diversité. Sur une place de la médina il n’y a que des chaudronniers qui sortent des auges énormes faites à la main, au marteau en bois, au brasier, au pied, au tas en tronc creux ou sur enclume en forme d’ancre ! Une forge ancestrale, un sacré métier !
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